La récente déclaration de l’honorable Rosine V. Soglo à l’Assemblée nationale a déclenché ce qu’il n’est pas exagéré de qualifier de cataclysme politique, voire social.
Et pourtant ? Qui connaît l’ex première dame, qui a la chance de l’écouter en cercle restreint, aurait sans nul doute goutté à l’amertume qu’elle nourrit quant à certains gestes et faits qu’elle stigmatise de régionaliste.
Seulement, que ce soit avec une telle densité de colère, avec un tel décibel, avec une telle menace qu’elle l’a martelé la dernière fois, cela parait la nouveauté à peine acceptable.
Rosine Soglo, la femme qui n’a pas sa langue dans sa poche, a craché sur le régionalisme réel ou celui de son imagination.
Imagination, dites-vous ? Non ! Si cela était le cas, il est alors aisé de constater que beaucoup de Béninois imaginent la même chose que la mémé de l’Assemblée.
Que certains se plaisent à se murmurer, que d’autres s’activent en groupe pour le combattre, et que Rosine la fustige à haute et intelligible voix, cela n’est que sincérité de femme.
Le mal est là, il ronge et n’est l’apanage d’aucun camp. On perdrait du temps à identifier les premiers régionalistes. Un tel exercice se révèlerait d’ailleurs inutilement accusateur. Ce qui est flagrant aujourd’hui est qu’opposants et mouvanciers se plaisent à se réfugier sous des couvertures qui n’ont rien de fédérateur des filles et fils du Bénin. Le colloque des 20 ans de la conférence nationale l’a aussi fortement décrié.
Que l’ex première Dame crève un abcès qui semble gagner du terrain et qui fait de plus en plus mal, il faut y voir peut-être aussi une main divine. Ce Dieu qui, comme on aime le chanter très souvent, aime beaucoup le Bénin, certainement plus que les pays en guerre fratricide.
Ce Dieu, malheureusement, ne descendra pas des cieux, ne descendra pas agir lui-même à notre place. Aurait-il passé la voix de maman pour avertir son peuple ? Il semble que oui.
Ainsi, faudra-t-il, après les propos injurieux à peine voilés proférés à l’encontre de l’honorable, que le débat national sur le régionalisme se tienne.
S’asseoir entre frères et sœurs pour voir si ceux qui trouvent des signaux de régionalisme en tout méritent un lavage de cerveau ou si ceux qui agissent en marginalisant des régions rectifient le tir et s’orientent vers plus de justice sociale, s’impose.
Fuir un tel débat, maintenant que mieux que par le passé, Rosine l’a ouvert, serait faire perdre une chance énorme pour le Bénin.
Alors, que la sincérité de femme soit l’élément salvateur de ce
Honorine H. ATTIKPA