L’épidémie de grippe porcine touche à présent 23 pays, dont la France. Le Mexique et les Etats-Unis restent les plus touchés. Même si Mexico assure que la propagation du virus est en recul, les autorités françaises déconseillent toujours fortement aux voyageurs de se rendre au Mexique.
La situation
A l’heure actuelle, un cas suspect a été découvert au Bénin, il existe en France 7 cas avérés de grippe porcine. A l’échelle internationale, l’épidémie touche aujourd’hui les 23 pays que sont : le Mexique, les États-Unis, le Canada, la Costa Rica, la Colombie, le Salvador, la Guatemala, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Israël, la Chine (Hong-Kong), la Corée du sud et la Nouvelle-Zélande. L’Espagne et le Royaume-Uni sont les pays les plus touchés d’Europe. Au Mexique, les restaurants, fermés depuis le 28 avril, et les écoles ont rouvert. Mais l’OMS (Organisation mondiale de la santé) redoute une deuxième vague virulente de grippe porcine.
Que savoir réellement sur cette maladie ?
La grippe porcine est une pathologie (maladie) infectieuse contagieuse faisant suite à la pénétration d’un nouveau virus dans l’organisme. Ce virus est un mutant, autrement dit son génome viral (ensemble des chromosomes du virus) est constitué de morceaux de chromosomes provenant du porc, de l’oiseau et de l’homme. L’autre caractéristique de ce virus, qui le différencie du virus de la grippe habituelle, c’est-à-dire saisonnière, est le fait qu’il concerne avant tout les individus jeunes et qu’il n’est pas nécessaire qu’un individu soit en immunodéficience, c’est-à-dire présentant un déficit de ses défenses immunitaires pour être infecté par cette maladie.
Le nombre, plus précisément le pourcentage des individus susceptibles de décéder à la suite de la pénétration de ce virus dans l’organisme est d’environ 10 %. Les chiffres actuellement connus au Mexique permettent d’avancer ce pourcentage. La grippe porcine infectant habituellement les porcs est une cousine germaine de la grippe chez l’homme (influenza de type H1 N1).
Habituellement, le virus de la grippe porcine et qui concerne uniquement l’animal ne touche pas l’être humain. Le virus actuellement en cause est, quant à lui, un mélange de morceaux de chromosomes d’autres virus provenant non seulement du porc mais aussi de l’homme et de certains oiseaux et en particulier du virus de la grippe aviaire. Les individus concernés sont le plus souvent les individus travaillant dans ou à proximité du milieu porcin (professionnels du porc). Une des caractéristiques majeures de ce virus de la grippe porcine est de pouvoir se transmettre très facilement d’homme à homme.
La transmission du virus de l’homme à l’homme n’est pas connue avec précision, c’est la raison pour laquelle elle est étudiée actuellement par différents laboratoires d’infectiologie de plusieurs pays dans le monde et en particulier ceux aux États-Unis, au Canada (laboratoire de microbiologie de Winnipeg), et en Europe.
On sait avec quasi-certitude qu’une fois que le virus est devenu humain, il n’est plus porcin et ce nouveau virus ne doit plus être appelé virus de la grippe porcine.
Pour l’instant, ce virus n’a pas de nom en particulier, et pourrait très bien s’appeler un jour, pourquoi pas, virus de la grippe mexicaine.
Le virus responsable de la grippe porcine
La grippe porcine est une infection due à un virus grippal de type A. Ce virus a pour caractéristique d’être enveloppé et de posséder un ARN. Il appartient d’autre part à la sous famille des Orthomyxoviridae, au genre influenzae et au sous-type HIN1 ou H3N2, le plus souvent. Jusqu’à présent, la grippe porcine semblait être le résultat d’une infection par un virus provenant d’échange de virus entre le porc et l’homme. La grippe porcine ayant lieu en 2009, entraînant la pandémie mondiale de grippe porcine, semble être due à une infection par un nouveau virus qui pourrait être une combinaison de plusieurs virus circulant actuellement, d’origine aviaire (en rapport avec des oiseaux), porcine (en rapport avec le porc) et humaine.
L’épidémie concerne une région, voire un pays en entier alors que la pandémie concerne plusieurs pays, voire toute la planète.
Dans le cas de la grippe porcine qui ne devrait plus s’appeler grippe porcine (puisque ce ne sont pas les porcs qui voyagent et qui transmettent l’infection d’un pays à l’autre), il existe un risque de pandémie, car le virus voyage d’un continent à l’autre grâce aux moyens de transport extrêmement véloces que sont les avions.
Transmission du virus de la grippe porcine
La transmission du virus de la grippe porcine se fait comme celle de la grippe habituelle (saisonnière) de l’homme. La grippe porcine est présente sur l’ensemble des continents maintenant. Le virus de la grippe porcine est émis dans le milieu extérieur, c’est-à-dire dans l’air ambiant à travers des gouttelettes provenant de l’appareil respiratoire (alvéoles pulmonaires, bronchioles, bronches, trachée) de l’animal infecté ou bien des sécrétions (liquide) du nez.
Le virus est ensuite transmis, sans doute, de façon indirecte vers l’homme soit par contact (en particulier par l’intermédiaire des mains qui doivent être lavées fréquemment en cas de suspicion de grippe) entre les hommes soit par l’intermédiaire des d’aérosols, c’est-à-dire des gouttelettes contenues dans l’air et qui sont respirées.
La transmission du virus pourrait également se faire par l’intermédiaire du lisier. Le lisier étant le liquide provenant du mélange des déjections (excréments) solides et de l’urine des animaux de ferme, utilisé souvent comme un engrais.
Se pose le problème de l’utilisation des masques de protection. Pour certains spécialistes (Manuguerra, virologue à l’institut Pasteur), les masques habituellement préconisés ne sont pas efficaces, voire dangereux. Pour ce spécialiste, il est nécessaire d’utiliser des masques de type FFP2 ou bien FFP3.
Les symptômes de la grippe porcine
Les patients souffrant de la grippe porcine ont exactement les mêmes symptômes que la grippe habituelle.
On constate, après une incubation (période comprise entre la contamination par la grippe porcine et l’apparition des premiers symptômes) de 24 à 48 heures :
– Une élévation importante de la température pouvant aller jusqu’à 41° centigrades.
– Des douleurs surtout de type musculaire dans l’ensemble du corps et comme pour la grippe habituelle dans le dos essentiellement.
– Des douleurs au niveau de la gorge associées à des maux de tête (céphalées).
– Une prostration (avec affaiblissement extrême) quelquefois avec fatigue intense mais variable selon les individus.
– Des difficultés à respirer, quelquefois très importantes.
– Une toux plutôt sèche qui a, d’autre part, la caractéristique d’être profonde et qui apparaît sous la forme de quintes (d’accès, d’épisodes).
– Un jetage très important, c’est-à-dire un écoulement par le nez.
– Des diarrhées (assez rarement).
Des vomissements (assez rarement).Une perte d’appétit survenant brutalement.
L’évolution de la grippe porcine varie selon les individus. Avec le nouveau virus, il est impossible de prévoir l’évolution avec certitude. Habituellement, la grippe porcine évolue favorablement vers la guérison en une semaine parfois plus.
Il est possible de tenter de mettre en évidence l’agent pathogène, c’est-à-dire le germe responsable ou si on préfère le microbe, en effectuant une réaction d’hémagglutination ou une technique d’immunofluorescence.
D’autre part la mise en évidence des anticorps peut être obtenue en procédant à une inhibition de l’hémagglutination ou une hémolyse radiale.
Traitement et prévention de la grippe porcine
Le traitement contre la grippe porcine existe mais n’est pas toujours efficace. Les molécules c’est-à-dire la substance active contenue dans les médicaments destinés à lutter contre la multiplication des virus à l’intérieur de l’organisme ne sont pas nombreuses. Trois médicaments sont utilisés actuellement dont un est relativement ancien. D’autre part le médicament antiviral (pour lutter contre la multiplication du virus) est avant tout efficace in vitro c’est-à-dire en laboratoire quand on met en contact le virus avec la substance médicamenteuse. Une fois l’antiviral absorbé par l’organisme concerné par la grippe porcine, on ne connaît pas avec exactitude l’efficacité du médicament.
Il existe également une polémique concernant les masques. Il s’agit de l’intérêt et de l’utilisation des masques de protection distribués à la population, masques qui seraient inefficaces. Le traitement fait appel aux antiviraux c’est-à-dire aux médicaments destinés à lutter contre la multiplication du virus de la grippe de façon générale. Il s’agit du Tamiflu (oseltamivir) et du Relenza (zanamivir) dans le cadre du traitement et de la prévention de la grippe porcine. Le troisième médicament : Mantadix (amantadine) est l’un des premiers médicaments antiviraux, utilisé contre la grippe. Étant assez souvent utilisé contre la grippe saisonnière (grippe habituelle ou banale) il est devenu moins efficace. En 2005 et 2006, en Amérique du Nord notamment, la résistance à l’amantadine des virus de la grippe A en circulation a fortement augmenté.
Ces médicaments sont susceptibles de posséder la capacité d’empêcher les virus de la grippe porcine de se reproduire (se multiplier) chez les patients, évitant ainsi de graves complications comme une éventuelle pneumopathie (maladie des poumons et de l’appareil respiratoire) et ou encore une méningite (maladie neurologique parfois grave), mais répétons-le, leur efficacité est incertaine au sein de l’organisme humain et porcin (du porc) d’ailleurs.
Il existe des effets secondaires à ce médicament. Il s’agit avant tout de nausées et de vomissements mais aussi et surtout de réactions allergiques. Pour certains spécialistes en virologie, ces médicaments seraient également susceptibles d’entraîner des perturbations de fonctionnement du système nerveux central et en particulier du cerveau pouvant aboutir éventuellement à une augmentation du risque de suicide.
D’autre part ce type de médicament antiviral n’est pas totalement efficace et on ne connaît pas avec certitude le nombre de boîtes d’antiviraux à la disposition dans chaque pays.
Enfin le virus est susceptible de muter c’est-à-dire de se transformer, inhibant alors l’efficacité de ce type de médicament antiviral.
La prophylaxie (prévention de la survenue et du développement de la maladie) est importante. Sur le plan sanitaire il est nécessaire d’isoler les animaux malades bien entendu mais surtout de maintenir de bonnes conditions d’élevage et d’hygiène.
En ce qui concerne l’homme le port d’un masque est obligatoire. Il est également nécessaire de procéder à l’isolement des patients susceptibles d’être infectés par le virus de la grippe porcine, ce qui devrait permettre d’endiguer la propagation de cette maladie infectieuse qui est mortelle parfois. Le masque de protection éventuel est au centre d’une polémique. En effet, pour certains spécialistes tels que le virologue travaillant à l’institut Pasteur : le docteur Manuguerra, les masques actuels seraient inefficaces voire dangereux. Pour lui il est nécessaire d’utiliser des masques de type FFP2 ou FFP3. Les masques des chirurgiens habituels parfois distribués à la population ne serait pas suffisant pour empêcher les gouttelettes contenant les virus de passer sur les côtés du masque et en particulier dans certains endroits comme ceux où le masque n’est plus en contact avec la peau du visage c’est-à-dire au niveau des ailes du nez.
Il est également très important de signaler que le fait de se laver les mains inhibe la propagation du virus d’un individu à l’autre.
L’obtention d’’un vaccin efficace nécessite tout d’abord l’isolement du virus de la pandémie (épidémie dans une région, un pays où plusieurs pays à la fois) de grippe porcine et l’élaboration de celui-ci. Il faut ensuite administrer le vaccin obtenu aux individus contaminés par le virus ce qui nécessite au préalable son identification.
Le vaccin habituellement utilisé contre la grippe saisonnière n’est pas automatiquement efficace contre la grippe porcine. Il semble donc illusoire de se vacciner avec le vaccin antigrippal actuel qui rappelons-le est mis au point chaque année en fonction des souches c’est-à-dire des virus de l’année précédente ou de l’année en cours.
Les mesures prises par le Bénin
A l’issue des multiples séances de travail organisées, certaines mesures préventives ont été prises. D’après le directeur de l’élevage, Christophe Monsia, des dispositifs sanitaires ont été installés au niveau de l’aéroport international Bernradin Cardinal Gantin de Cotonou, et du Port de Cotonou, où des équipes s’évertuent à examiner les passagers en provenance de l’Europe. Les passagers qui ont transité par les pays infectés par la maladie comme le Mexique sont automatiquement conduits au CNHU pour être consultés. Au niveau des frontières terrestres, un dispositif sanitaire est également mis en place, avec le soutien des douaniers et des agents de sécurité en poste au niveau des frontières. Par ailleurs, il est interdit dorénavant l’importation des porcs. Christophe Monsia déclare également que le virus A/HIN1 de la grippe porcine s’est muté en prenant une forme hybride et c’est ce qui explique la crainte qui a gagné aussi bien la communauté scientifique que les populations du monde, vu la vitesse avec laquelle la propagation de l’homme à l’homme se fait.
Il est à noter que la grippe porcine est une maladie respiratoire aiguë hautement contagieuse. En général, la contamination se fait à partir des porcs infectés. Mais certains cas répertoriés chez l’homme ne montrent aucune trace de contact avec des porcs ou des environnements où des porcs ont séjourné, il y a eu donc transmission interhumaine. Par rapport à la consommation de la viande, Christophe Monsia conseille que la viande soit bien cuite, car le virus grippal porcin est tué par des températures de cuisson de 160°C à 170°C. Toutefois, il est recommandé de réduire au minimum les contacts avec les porcs malades et de signaler ces derniers aux autorités de santé vétérinaire.
La grippe porcine provoque également des pathologies graves telles que des pneumonies. Selon Christophe Monsia, cette maladie découverte au Mexique et qui s’est propagée dans le reste de l’Europe est une nouvelle maladie due à la mutation du virus de la grippe porcine. Le virus A/HIN1 de la grippe porcine dans sa mutation a pris un fragment du virus de la grippe aviaire, un fragment de la grippe porcine et un fragment de la grippe saisonnière. Cette hybridité du virus, fait de ce virus, un nouveau virus jusqu’ici inconnu et qui facilite la transmission de l’homme à l’homme.